HISTOIRE
Le village d’Einville-au-Jard de 1200 habitants, du canton de Lunéville-1 fait partie de l’arrondissement de Lunéville. Il se situe le long du canal de la Marne au Rhin et suit le cours du Sânon entre les villages de Dombasle et Lagarde situé en Moselle.
C’est le siège de la Communauté de Communes du Pays du Sânon qui regroupe 27 communes des environs.
Sa dénomination Einville-au-Jard, avec “d” à la fin, désigne le “jardin” ou plus précisément le “parc” du château…
De tout temps, Einville-au-Jard a été un bourg important. Aujourd’hui, bien que commune rurale, c’est là que se situe la dernière saline artisanale de France avec 30 employés. Celle-ci extrait du sel à 200 mètres de profondeur à partir de la technique de “la saumure”. D’autre part, une mine de sel, appelée mine Saint Laurent, située sur la veine de sel souterraine, existe toujours, à la même profondeur, mais elle n’est plus en exploitation. Cependant subsistent toujours le puits de mine avec ascenseur, les galeries souterraines, etc. Les Salins de l’Est et du Midi à Varangéville en sont propriétaires et en effectuent le suivi de sauvegarde. La surveillance s’effectue avec visite à minima une fois tous les mois. C’est principalement la venue d’eau qui doit être prise en compte et évacuée en permanence. La mine Saint Laurent a été fermée à l’exploitation en 1965.
Einville-au-Jard, au cœur de la campagne, est très prisée aujourd’hui par le tourisme. Le trafic de bateaux de plaisance s’est intensifié sur le canal de la Marne au Rhin. Les plaisanciers, qui s’y arrêtent volontiers, peuvent trouver à quelques centaines de mètres du port, tous les commerces de proximité : boulanger, boucher, coiffeurs, pizzeria, garagistes, etc. Dernièrement, avec le soutien européen, le chemin de halage du canal vient d'être transformé en voie verte, laquelle est très fréquentée depuis quelques mois (vélo, footing, marche, rollers, etc.) Cette voie verte, inaugurée le 26 avril 2015, s’étend sur 20 km entre les communes de Maixe et Xures, limitrophe du département de la Moselle.
L’histoire d’Einville est intimement liée à celle de Lunéville. La notoriété du village existe depuis des millénaires car déjà en 892, selon une charte citée par Dom Calmet dans son Histoire de la Lorraine, il était le seul centre d'habitation des environs. Son origine remonte au temps des Romains car il était une étape entre Marsal, Vic (pays du sel) et les pays d’Epinal. Lunéville existait déjà mais avait peu d’importance. Einville était la cinquième station postale de la voie romaine Lyon-Cologne. Le site a sans doute débuté par un point défriché au milieu des bois où les Comtes de Lunéville se sont fait bâtir une sorte de maison de chasse ; peu à peu des habitations se sont groupées autour ; elle devient ville fortifiée formée autour d’un château. Au XIe siècle à côté de l’habitation seigneuriale, on constate un bien appartenant aux religieux hospitaliers, probablement quelques-unes de ces fondations ou abandon de biens, comme il y en a eu tant dans cette contrée à l’époque des Croisades.
En 1195, on bâtit une église ; la maison de chasse devient un château fortifié.
En 1349, les hospitaliers de St Jean abandonnent aux Ducs ce qui leur reste à Einville ; dès lors Einville devient domaine des Ducs de Lorraine jusqu’au règne de Stanislas.
1633-1670 : Destruction presque complète d’Einville. L’ancienne ville fortifiée disparaît. Le château fait place à une galerie et à un parc, ce n’est plus qu’une habitation de plaisance, cela redevient un rendez-vous de chasse, quelque chose comme le Trianon de Marie-Antoinette.
Le bourg prit successivement les noms de: Hennalville, Audani Villa, Ondeville, Einoldi Villa ad Jarcum, Ainville au Jay et enfin vers 1400 de EIN-VILLE AU JARD. Le mot « Jard » désigne le « jardin » ou « jay » en patois local « jaydingue » (jardin). Un titre de 1312 mentionne déjà le jardin d’Einville. Plus tard le parc d’Einville devint célèbre.
Dans une “Histoire de la Lorraine”, Einville au Jard est désignée “seconde ville du Duché”. La période de prospérité d’Einville au Jard se situe entre 1200 et 1550. En 1594, la prévôté et châtellenie d’Einville exerçait sa juridiction sur 22 paroisses. Mais hélas, en 1641, suite aux guerres, aux famines, aux maladies et à la peste, il ne reste à Einville que 9 habitants. En 1700, le Duc Léopold relève le château et ramène des habitants à Einville. Einville fit partie des bailliages de Nancy jusqu’en 1669, Lunéville jusqu’en 1698, à nouveau Nancy jusqu’en 1751 et Lunéville jusqu’en 1790, époque à laquelle on établit les districts et cantons. Einville devient alors chef-lieu de canton jusqu’au 30 prairial de l’an VIII et dépend du district de Lunéville.
Depuis des siècles, les Ducs de Lorraine se plaisaient à Einville, ils avaient fait édifier au XIII siècle un château fort. Sous Henri II le castel se transforme. En 1633, les pillards brûlent le château et ruinent le pays. En 1701, les ouvriers de Léopold renversent les restes du château et entament la reconstruction, qui durera 6 ans, d’une demeure spacieuse et claire. En 1708, la cité comptait 65 personnes, groupées autour du château, et 4 ans plus tard, 120 ” feux “. Le recensement de 1768 dénombre 186 ménages. De 1730 à 1732, le château, jusqu’alors négligé par ses usufruitiers, fut remis en état. De nouveaux bâtiments à l’usage de ménagerie furent édifiés, et d’autres bassins dessinés dans le jardin. Stanislas (1677/1766) réalisa de nombreuses améliorations : parterres, bosquets, une belle galerie. Il encouragea la création de petits jardins dans le bourg.Le château fut démoli en 1771.
Il était une fois le sel…à Einville-au-Jard A la fin du XIXème siècle, « l’or blanc », c’est-à-dire le sel, suscita un grand intérêt en Lorraine et les demandes de concessions furent fort nombreuses. Il est vrai que l’on escomptait des revenus très substantiels, voire mirifiques, de cette exploitation. C’est ainsi que deux sociétés : COLOMBIER et Compagnie pour Saint- Laurent et LA SABLONNIERE pour Sainte Marie, se disputèrent le sous-sol d’Einville. Finalement, elles trouvèrent un terrain d’entente et exercèrent chacune leurs activités. La saline Saint-Laurent, dont les statuts ont été déposés en 1871, exploitait le sel gemme par galeries de 10 à 15 m de largeur et de 4, 50m de hauteur. L’extraction annuelle était de 350 000 quintaux utilisés dans l’industrie et l’agriculture. Les puits, les galeries et la mine étaient éclairés à l’électricité dès 1917 et la société JEANMAIRE fournissait également l’éclairage électrique à la commune d’Einville-au-Jard. En outre, cette saline produisait du sel raffiné par évaporation, comme l’autre saline. C’était une saline importante puisqu’elle occupait la cinquième place des salines lorraines. Elle cessa sa production durant la première guerre mondiale, entre 1914 et 1917. En revanche, ses activités furent très importantes durant la seconde guerre en raison de la fermeture des salines mosellanes. A cette époque, elle employait jusqu’à 200 saliniers ou mineurs. Ces hommes étaient des « ouvriers-paysans », c’est-à-dire que, leur journée de travail terminée à la saline, ils cultivaient jardins et chenevières. Parfois, ils venaient des villages environnants et ce, quel que soit le temps en hiver. Victime, comme tant d’autres, de restructurations industrielles, cette saline cessa ses activités en 1965. Son site appartient à la Compagnie des Salins du Midi et Salines de l’Est située à Varangéville qui assure l’entretien de la mine et de la salle des machines ; celui-ci passera à la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) en 2018. On peut encore voir de loin : le chevalement, la maison de la régie où était perçu un impôt sur le sel jusqu’en 1946 et, en face, le long du canal, un bâtiment où le sel, d’utilisation agricole, était dénaturé par 1’adjonction de peroxyde de fer. Ce grand bâtiment servait également à 1’expédition du sel par péniches. Quant aux maisons de l’usine, elles ont toutes été vendues à des particuliers dans les années 1960-1970. Un projet de valorisation du patrimoine salin sur le territoire du Sânon est actuellement à l’étude par le groupe « patrimoine » de la Communauté de Communes du Sânon. Il déboucherait sur la création d’un circuit autour du sel.
Vous la connaissez tous puisqu’elle est encore en activité. Située à l’entrée du bourg, elle est précédée d’un sondage, plutôt chevalement, reconstruit à l’identique. Les premiers sondages se trouvaient à cet endroit, aujourd’hui ils sont implantés à la lisière de la forêt et dépassent à peine du sol. Cette saline a commencé à fonctionner en 1871 à partir de la concession « La Sablonnière ». Son emprise s'étend sur les territoires d’Einville, Maixe, Serres. C’est aujourd’hui une PME dynamique. Contrairement à la saline Saint Laurent, cette saline ne produit pas de sel gemme puisqu’elle ne possède pas de mine. « Le sel est extrait par dissolution au contact d’une nappe d’eau douce d’une grande pureté régulièrement et rigoureusement contrôlée. » (site Saline d’Einville). Autrefois, l’eau salée était chauffée dans des poêles, les bassins de décantation étaient appelés baissoirs. L’enlèvement du sel dans les poêles se faisait à l’aide de pelles trouées appelées râbles puis volants. Le nombre maximum de saliniers fut atteint vers 1950 : 90. Une trentaine de femmes conditionnaient le sel sec. Les hommes, quant à eux, étaient répartis en trois groupes : les tireurs de sel, les équipes de chargement, les équipes d’entretien. Le canal faisait partie intégrante de l’entreprise. Ce qui fait la fierté de Saline d’Einville, actuellement, c’est le sel à l’ancienne, «un sel en trémies, constitué de petits cristaux» il se dissout instantanément et « il est apprécié des grands chefs et des fins gourmets» (site Saline d’Einville). Des générations d’Einvillois ont travaillé dans l’une ou l’autre saline. Ces entreprises ont permis à notre localité d’échapper à l’exode rural de la fin du XIXe siècle et ont assuré sa prospérité.
Ce printemps 2012, un monument aux morts de la guerre de 1914 – 1918 vient de sortir d’une végétation envahissante de l’autre côté du mur nord du cimetière d’Einville, agrandi en 1951. (Voir facture ci-dessous) Ce monument imposant de 2 m de hauteur environ a été élevé après la guerre en l’honneur de la 56ème division d’infanterie. La structure de ce monument ressemble beaucoup (sans la croix à son sommet) à celui situé à l’intérieur du cimetière à quelques dizaines de mètres de là, dédié lui, à la 41ème division d’infanterie. C’est en 1951 que l’agrandissement du cimetière est décidé avec l’édification d’un mur de clôture en limite de propriété du terrain communal. Le monument de la 56ème division d’infanterie situé sur un terrain privé est séparé de celui de la 41ème division d’infanterie de quelques mètres seulement. L’un tombe dans l’oubli et se trouve envahi par une végétation débordante, alors que celui de la 41ème division, intégré à partir de 1951 dans le cimetière, a droit à un soin attentif des employés communaux. Depuis cet été 2012, on peut apercevoir, à l’extrémité nord du cimetière, en regardant au-dessus du mur préfabriqué, ce monument.
La 41ème division d’infanterie effectue une opération sur RECHICOURT le 20 février 1918. Devant le village, les bataillons sont arrêtés par des tirs extrêmement violents, d’artillerie et de mitrailleuses. Des fractions arrivent à franchir ce barrage, mais les tués sont nombreux : 5 officiers et 22 hommes. Au cours de son passage de quelques mois dans le secteur, la 41ème division d’infanterie a compté 70 tués. Le 21 avril, la 41ème division est relevée par la 56ème division d’infanterie. 56ème Division La 56e division d’infanterie composée de plusieurs régiments d’infanterie et d’un régiment d’artillerie est arrivée le 10 avril 1918 à Lunéville, et le 22 avril à EINVILLE. Le 10 mai 1918 à BURES et à VALHEY, une attaque au gaz tue 38 soldats. Le 28 mai de nouveau, 9 militaires français sont tués dont 2 officiers. Le 17 juin 1918, la crue du Sânon empêche une patrouille française de passer. On peut conclure que le passage de la 56ème division d’infanterie dans un secteur dit calme, a causé la mort de 51 soldats, dont 38 le 10 mai 1918 à BURES. Ceci explique certainement le motif d’élévation du monument (des soldats ont peut-être été enterrés à cet endroit).
Club d’Histoire Locale d’EINVILLE : article de Francis DINVAUX d’après documents de Jean Paul SEICHEPINE Photos sources: Internet